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L’analyse des relations entre Juifs israéliens et Palestiniens dans le contexte de l’Intifada Al Aqsa fait ressortir un paradoxe désespérant. D’un côté, en effet, les membres des deux sociétés se sont montrés disposés, dans leur grande majorité, à faire des compromis pour trouver une solution pacifique au conflit. D’un autre côté, cependant, la majorité des gens, dans chacun des camps, a développé des stéréotypes extrêmement négatifs de l’opposant, ainsi qu’une profonde méfiance qui risque de compromettre toute tentative de négociation et de solution du conflit. De plus, la majorité dans les deux sociétés soutient les actes violents contre l'adversaire, ce qui ne fait qu'approfondir le stéréotypage négatif et la méfiance.
Pour chercher à comprendre le paradoxe que présente la situation actuelle, il faut tenter de dégager les dynamiques du conflit inextricable dans lequel sont engagés Palestiniens et Juifs israéliens. Si les objectifs et les intérêts en jeu, ainsi que le recours à la violence, déterminent la nature du conflit et les possibilités de sa solution, il est clair toutefois qu’un tel conflit s’accompagne nécessairement d’un répertoire psychologique évoluant dans le temps et jouant un rôle crucial dans sa dynamique. Dans ce répertoire, la délégitimation de l'adversaire joue selon nous un rôle crucial.
Dans le contexte actuel de violence entre les Palestiniens et les Juifs israéliens, c'est l'obstacle majeur empêchant la mise en pratique de la volonté existant dans les deux sociétés de faire des concessions importantes en faveur du règlement final du conflit. Nous nous proposons d’abord de donner un aperçu général de la délégitimation mise en œuvre des deux côtés sur un plan général, afin d’en restituer la continuité et la profondeur tout au long du conflit. Nous montrerons ensuite comment elle s’est exprimée pendant de nombreuses années dans les manuels scolaires, ce qui est un aspect de son institutionnalisation. Nous analyserons ensuite, sur la base d’enquêtes par sondage, les caractéristiques de la délégitimation qui marque les relations judéo-palestiniennes actuelles, ainsi que les changements qu’elle a enregistrés à partir de l’éclatement de la confrontation violente.
Le rapport à l’Autre ne se laisse pas saisir dans des catégories simples. Il intervient dans une grande variété de situations dont on pressent qu’elles ont toutes quelque chose en commun. Mais faut-il appréhender de la même manière les situations anodines et les situations extrêmes ? Cet ouvrage propose une mise en perspective du regard psychosocial sur l'altérité en confrontant les approches théoriques et en présentant des recherches originales. Il aborde ainsi des problématiques sociétales actuelles, telles que le racisme, la xénophobie, le sexisme, la gestion du passé colonial, les relations entre l’Occident et le reste du monde, le conflit israélo-palestinien, la citoyenneté européenne ou les réactions collectives en périodes de crise. Autant de questions conflictuelles qui invitent la psychologie sociale à ouvrir ses horizons conceptuels.